Sur quoi déboucheront les nouvelles négociations israélo-palestiniennes ouvertes à Washington ? Le scepticisme domine parmi les observateurs et… les participants, et pour cause ! Le Quartet n’a même pas exigé d’Israël qu’il arrête vraiment la colonisation de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est. Et Benyamin Netanyahou rejette les principales conditions qui, aux yeux des Nations unies et de leurs résolutions, fondent la création d’un État palestinien indépendant.
Il n’y a rien à attendre de l’actuel gouvernement israélien, le plus extrémiste de l’histoire, qui, de surcroît, exploite cyniquement la division insupportable, qu’il a largement alimentée, entre le Fatah et le Hamas, confrontés l’un et l’autre à l’échec de leurs stratégies. Seules des pressions internationales populaires et institutionnelles convergentes le feront reculer. Et c’est possible.
Car la politique de colonisation, de répression et d’humiliation de Netanyahou, Lieberman et Barak, cautionnée par le Parti travailliste, a conduit à un isolement sans précédent d’Israël sur la scène mondiale. À preuve l’adoption par l’Assemblée générales des Nations unies du rapport Goldstone sur les « crimes de guerre, voire contre l’Humanité » commis à Gaza durant l’hiver 2008-2009, puis la condamnation quasiment unanime de l’attaque contre la « Flottille de la liberté » au printemps 2010. Et voilà que l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) demande à Israël de signer le Traité de non-prolifération…
Devant l’impasse sur le terrain, il est donc nécessaire de mobiliser la communauté internationale - les Nations unies, l’Union européenne, les gouvernements du monde entier. Mais leur attitude le montre : pour qu’elle agisse cela suppose l’intervention des opinions publiques. La responsabilité des militants de la paix fondée sur le droit est immense : il leur revient de transformer la colère des peuples en puissantes pressions sur Israël afin de mettre un terme à l’impunité dont bénéficie ce pays.
Le mouvement français de solidarité avec la Palestine a une responsabilité particulière. Nicolas Sarkozy et Bernard Kouchner ont rompu avec les principes de la politique proche-orientale du général De Gaulle, réaffirmés par ses successeurs, pour s’aligner sur le gouvernement israélien. Non seulement ils se taisent sur les violations du droit international dont celui-ci se rend coupable, mais ils intensifient leur coopération dans tous les domaines, inclus militaro-policier, avec Israël et militent pour le « rehaussement » des liens de l’Union européenne avec lui.
Preuve supplémentaire de cette complicité : la tentative scandaleuse de Fillion, Hortefeux et Alliot-Marie de criminaliser la bataille pour le Boycott-désinvestissement-sanctions (BDS). Accusés « d’incitation à la haine raciale », voire traités de « criminels », en vertu d’une loi qui date de… 1881, les militants de la solidarité sont désormais menacés de 45 000 euros d’amende et de cinq ans de prison ! Plusieurs militants du boycott des produits des colonies, toutes illégales, se retrouvent devant les tribunaux. Nous sommes à leurs côtés.
Dans ces conditions, l’Association France Palestine Solidarité (AFPS) appelle solennellement à l’union et à l’action la plus large. Depuis des années, le « Collectif national pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens » et la « Plateforme des ONG pour la Palestine » rassemblent la plupart des acteurs de la solidarité, par-delà les différences politiques, idéologiques, confessionnelles et de génération.
Mais, pour être efficaces, il faut encore amplifier ce rassemblement et le rendre plus actif, plus imaginatif, plus audacieux. Tous les débats sont les bienvenus, sachant que les choix stratégiques appartiennent, en dernière instance, aux Palestiniens et à eux seuls. Mais, au-delà des débats, l’heure est, dans l’action, à l’unité, à l’unité et encore à l’unité !
Nous avons besoin de tous et de chacun, il nous faut à cette fin élargir encore le mouvement sans autre condition que le respect de la Charte du « Collectif national » basée sur le droit international, qui inclut également le refus de toute forme d’islamophobie comme d’antisémitisme, bref de racisme.
Dans les cadres unitaires existants, il y a place pour toutes les initiatives, menées par chacun comme il l’entend – et cela vaut notamment pour la campagne Boycott-Désinvestissement-Sanction (BDS) – pourvu qu’elles soient comprises, rassemblent dans l’action et contribuent à ce que la France reprenne l’initiative, dans l’Union européenne et dans le monde.
Ce rassemblement des citoyennes et des citoyens est indispensable pour faire avancer, en convergence active avec nos amis anticolonialistes en Israël et avec le peuple palestinien, son droit à disposer d’un Etat, condition sine qua non d’une paix véritable au Proche-Orient.
Rejoignez ce combat unitaire pour la paix fondée sur le droit !